Llibres i música en temps de desassossec: “Escriure des del confinament o el complex de Kafka (II)”

Annie Ernaux firmant llibres a la Fira del Llibre de Brive-la-Gaillarde
Annie Ernaux firmant llibres a la Fira del Llibre de Brive-la-Gaillarde

L’aportació de la Facultat de Filosofia i Lletres en els moments estranys que vivim serà en forma de reflexions i consells literaris, filosòfics i musicals a l’entorn de la persona i de les pestes que ens afligeixen, col·lectives, però també individuals.

18/06/2020

[Continua el text “Escriure des del confinament o el complex de Kafka (I)” publicat el 17 de juny de 2020”]

Si Kafka pensava que la situació ideal de l’escriptor era viure en una cava, els escriptors autoficcionals (alguns) responen amb els fets a aquesta fantasia. Es tracta d’una posició ben còmoda i molt elitista que ha molestat molts lectors. D’alguna manera, aquesta forma de concebre la literatura, que s’ha expressat en l’autoficció a partir del 2000, posa de manifest la manca de solidaritat i d’empatia, privilegiant un discurs del jo que Pascal ja va definir com a menyspreable.

No és el cas de totes les plomes de l’autoficció. Annie Ernaux, una de les autores més importants que practica el gènere, escrivia una carta oberta al president Macron:

«Monsieur le Président,

"Je vous fais une lettre/ Que vous lirez peut-être/ Si vous avez le temps". À vous qui êtes féru de littérature, cette entrée en matière évoque sans doute quelque chose. C’est le début de la chanson de Boris Vian ‘Le déserteur’, écrite en 1954, entre la guerre d’Indochine et celle d’Algérie. Aujourd’hui, quoique vous le proclamiez, nous ne sommes pas en guerre, l’ennemi ici n’est pas humain, pas notre semblable, il n’a ni pensée ni volonté de nuire, ignore les frontières et les différences sociales, se reproduit à l’aveugle en sautant d’un individu à un autre. Les armes, puisque vous tenez à ce lexique guerrier, ce sont les lits d’hôpital, les respirateurs, les masques et les tests, c’est le nombre de médecins, de scientifiques, de soignants. Or, depuis que vous dirigez la France, vous êtes resté sourd aux cris d’alarme du monde de la santé et ce qu’on pouvait lire sur la banderole d’une manif en novembre dernier -«L’état compte ses sous, on comptera les morts»- résonne tragiquement aujourd’hui. Mais vous avez préféré écouter ceux qui prônent le désengagement de l’Etat, préconisant l’optimisation des ressources, la régulation des flux, tout ce jargon technocratique dépourvu de chair qui noie le poisson de la réalité. Mais regardez, ce sont les services publics qui, en ce moment, assurent majoritairement le fonctionnement du pays: les hôpitaux, l’Education nationale et ses milliers de professeurs, d’instituteurs si mal payés, EDF, la Poste, le métro et la SNCF. Et ceux dont, naguère, vous avez dit qu’ils n’étaient rien, sont maintenant tout, eux qui continuent de vider les poubelles, de taper les produits aux caisses, de livrer des pizzas, de garantir cette vie aussi indispensable que l’intellectuelle, la ‘vie matérielle’. Choix

étrange que le mot ‘résilience’, signifiant reconstruction après un traumatisme. Nous n’en sommes pas là. Prenez garde, Monsieur le Président, aux effets de ce temps de confinement, de bouleversement du cours des choses. C’est un temps propice aux remises en cause. Un temps pour désirer un nouveau monde. Pas le vôtre ! Pas celui où les décideurs et financiers reprennent déjà sans pudeur l’antienne du ‘travailler plus’, jusqu’à 60 heures par semaine. Nous sommes nombreux à ne plus vouloir d’un monde dont l’épidémie révèle les inégalités criantes. Nombreux à vouloir au contraire un monde où les besoins essentiels, se nourrir sainement, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver, soient garantis à tous, un monde dont les solidarités actuelles montrent, justement, la possibilité. Sachez, Monsieur le Président, que nous ne laisserons plus nous voler notre vie, nous n’avons qu’elle, et «rien ne vaut la vie» - chanson, encore, d’Alain Souchon. Ni bâillonner durablement nos libertés démocratiques, aujourd’hui restreintes, liberté qui permet à ma lettre –contrairement à celle de Boris Vian, interdite de radio– d’être lue ce matin sur les ondes d’une radio nationale».

Annie Ernaux també va començar un dietari del confinament però, al contrari dels altres, no ho va fer amb una exposició pública allunyada de les realitats socials del seu país.

I és que el confinament ha permès veure els defectes d’una autoficció que fa sovint de la literatura el mirall d’un egotisme que, potser, ja no és benvist per aquells lectors que han descobert que rere les paraules hi ha d’haver, també, una exigència ètica. Potser el somni de Kafka pot semblar lícit per a un escriptor, però sortir al balcó (o enmig d’un jardí immens) i alegrar-se d’un confinament que suposa per a la majoria penúries socials, o problemes de convivència, resulta si més no escandalós.

Ricard Ripoll Villanueva (Departament de Filologia Francesa i Romànica)